Vous l’avez probablement vu ou entendu ou lu chez nos confrères, ou entendu durant la matinée sur notre antenne, la compagnie ferroviaire nationale subit, de premier abord, une grève, ou « mouvement social inopiné » depuis ce matin, vendredi 18 octobre.
Cependant, la SNCF use de ce terme abrupt, sans plus de précision, pour parler d’un droit de retrait généralisé sur le réseau national, droit de retrait suite à un accident mercredi 16 non loin de Charleville-Mézières dans la région Grand Est.
Explications.
Cette collision d’un train TER de type AGC, du constructeur canadien Bombardier, a onze blessés légers. Le conducteur, blessé à la jambe, était le seul agent à bord et a dû gérer la situation tout seul. En effet, dans moult circulations ferroviaires régionales de type TER (Aléop en Pays de la Loire, Rémi en Centre Val-de-Loire, Transilien en Ile-de-France…), il n’y pas d’agent à bord, le contrôle ne se fait qu’avec des contrôleurs volants, un peu comme dans les bus… Pas bien pratique, mais plus utile pour la SNCF qui rogne sur chaque coût humain…
En effet, hier, des cheminots de la région Grand-Est se sont mis en retrait -c’est un droit personnel, non collectif- suite à des alertes de sécurité à propos des circulations en solo, c’est à dire, où le conducteur de la rame est seul. La compagnie a déclaré qu’il s’agissait d’« mouvement social inopiné lié à l’émotion compréhensible des agents », alors qu’un syndicaliste de Sud Rail précise que « Contrairement à ce qui a été dit par la direction, il ne s’agit pas de cas en lien avec leurs émotions personnelles mais d’une situation inhérente au fonctionnement du dispositif Équipement Agent Seul« .
Alors que le train a percuté un convoi exceptionnel (faut-il rappeler que le train est toujours prioritaire sur les autres véhicules…), le conducteur dans la voiture motrice de tête (qui est terriblement abîmée, cf. photo) n’a pas pu s’extraire car blessé… Et sans contrôleur, difficile d’aider les passagers… Ce dispositif EAS est utilisé couramment dans les rames franciliennes, mais parfois aussi ici, en Région Centre. De plus, selon les détails de notre confrère Raphaël Ebenstein de France Info, l’équipement radio de ces rames AGC semble être fatigué et n’est plus utilisable en cas de moindre choc.
Cette nouvelle alerte de sécurité fait écho aux problèmes de shuntage d’autres rames, des pépins informatiques et de freinage des rames Régio2N (dont la CGT continue d’alerter sur la sécurité intrinsèque), et à l’abandon global des voyageurs dans les rames sans agent.e à bord…
Donc non, ce n’est pas une grève, il s’agit bien d’un droit de retrait. Évidemment, de très grosses perturbations sont à prévoir sur les réseaux ferrés, avec des suppressions, des trains courts, et la vision sur la pointe de ce vendredi soir est encore très floue, notamment avec les premiers départs en vacances.